Le Muscat, une histoire séculaire

Le Muscat à Frontignan, les origines

Plant d'origine grecque, le cépage Muscat Blanc à Petits Grains aurait été apporté en Gaule Narbonnaise par les Romains sous le nom d' "Apiena Uva", c'est-à-dire "raisin qui attire les abeilles".

La culture du Muscat de Frontignan apparaît de façon certaine dans les archives au cours du Moyen-Age. Ainsi, une charte datée de 1117 précise que "Guodel Tolosa, bourgeois de Frontignan donne 12 arpents de vigne de raisin muscat à l'Abbaye d'Aniane".
A compter du XVIème siècle, la culture du Muscat de Frontignan s'est largement développée sur la commune et profite du dynamisme des ports de Sète (fondé en 1666) et de celui de Bordeaux (ouvert en 1671, où le muscat transite via le Canal du Midi) pour s'exporter dans les pays du nord de l'Europe. Ainsi les frères Félix et Thomas Flatter, médecins suisses en visite en Languedoc en 1559, relatent-ils : "Frontignan est une petite ville située au bord de l'étang de Thau...C'est dans la banlieue de cette localité qu'on récolte le fameux muscat, connu du monde entier.

Une des premières AOC de France

Les vignerons de Frontignan ont trés vite cherché à préserver la qualité du Muscat de Frontignan "vin de réputation qui fait la richesse du territoire et des habitants" (mémoire de 1720). Dés le XVIlème siècle apparaissent les premières mesures de protection la date de début des vendanges et la façon de récolter les raisins sont fixées par les consuls de la ville. De même, les tonneaux de Muscat de Frontignan sont marqués au feu et "il sera fait tous les ans, au mois d'août, une nouvelle marque aux armes de la ville différenciée par le millésime, ..., et le nom de Frontignan sera pour légende autorisé" (délibération communale du 03/11/1712).
Cette volonté constante de garantir la qualité du Muscat de Frontignan aboutit dans les années 1930 à la création d'une commission de défense du cru chargée d'établir une liste des critères définissant le Muscat de Frontignan. Sont ainsi notamment précisés l'aire géographique, l'encépagement, le mode de culture et taille de la vigne, le rendement maximum, le degré minimum d'apport du raisin, la vinification...

Une bouteille reconnaissable entre toutes

Le Muscat de Frontignan a été très tôt orienté vers le commerce du fait de sa grande renommée. D'abord transporté en tonneaux, il est un des premiers vins à être vendu en bouteilles de verre au début du XVIIème siècle, bien avant les vins de Bordeaux et de Bourgogne.

Les bouteilles sont produites à un rythme soutenu dans des verreries de la province: ainsi, la verrerie d'Hérépian (Hérault) fabriquait-elle en 1774 près de 2000 bouteilles soufflées par jour... La production locale se révèle cependant insuffisante et les vignerons de Frontignan achètent aussi des bouteilles dans de nombreuses autres verreries, situées notamment sur les rives de la Garonne et de la Dordogne.

Voilà pourquoi la première bouteille de forme cylindrique (et actuelle "bordelaise") est répertoriée sous le nom de "Frontignane" !
Au début du XXème siècle, les producteurs de Muscat de Frontignan, toujours soucieux de leur image de marque, cherchent une bouteille distinctive et optent pour "la bouteille bordelaise cannelée avec écusson".
Le décret du 31 mai 1936 (qui consacre le classement du Muscat de Frontignan en Appellation d'Origine Contrôlée) entérine cette utilisation exclusive dans son article 7 "la bouteille dite ...à Muscat de Frontignan présentant des cannelures torsadées en relief .......devra servir exclusivement ....au Muscat de Frontignan".
La célèbre "Torsadée" est née et avec elle ses belles légendes... Ainsi cette forme spiralée serait le fait d'Hercule qui, de passage à Frontignan, goûta une gorgée de Muscat et la trouvant fort à son goût but goulûment toute la bouteille, jusqu'à la tordre pour en extraire les dernières gouttes...